Les Cathares
Le deuxième millénaire commence dans un contexte spirituel en plein effervescence. L’Eglise est bousculée par des courants chrétiens adeptes de la vie simple et pauvre de Jésus. Le Catharisme présent dans toute l’Europe prendra son essor dans le sud de la France provoquant la colère du Pape et la répression royale aidée par une nouvelle police religieuse, l’Inquisition.
La montée du Catharisme dans le sud de la France
Le catharisme apparait en 1021 dans le comté de Toulouse puis se développe dans la Chrétienté occidentale au XIIème siècle. Cette dissidence chrétienne médiévale réclame, comme d’autres mouvements de son temps, le retour au modèle d’Eglise primitive des premiers temps du Christianisme. Elle condamne l’Eglise romaine et sa hiérarchie au prétexte qu’elle ne respecterait pas l’idéal de vie et de pauvreté du Christ.
Sous des noms différents, des communautés de cathares sont attestées à travers toute l’Europe, mais c’est dans le Midi de la France et dans les cités du nord et du centre de l’Italie que le catharisme connaît l’accueil le plus favorable et le plus durable. Aux yeux de l’Eglise romaine, les cathares représentent un danger bien pire que les infidèles (juifs et musulmans), car, tout en étant chrétiens, ils interprètent différemment les Ecritures et refusent la doctrine des sept sacrements. Leur croyance est basée sur l’existence de deux mondes, l’un bon et l’autre mauvais. Le premier, le monde invisible dont les créatures sont éternelles, résulte de la création de Dieu le Père ; le second, le monde visible et corruptible, est l’œuvre du Diable. Introduits dans des corps de chair fabriqués par le Diable, des anges déchus sont devenus les âmes des hommes et des femmes.
Pour les cathares, le christ est uniquement l’envoyé du Père venu porter le message du salut aux hommes. Il n’est pas comme chez les catholiques le rédempteur de tous les péchés. Du coup, les cathares ne conservent qu’un seul sacrement, celui du consolamentum (consolation) ou baptême d’imposition des mains pratiqué par le Christ, le seul à apporter le Salut.
L’Eglise catholique et orthodoxe consacre 7 sacrements:
- Le baptême, qui marque l'entrée d'une personne dans la communauté des chrétiens ;
- L’eucharistie, partage du pain et du vin consacrés par le prêtre et devenus le corps et le sang du Christ ;
- La confirmation pour l'Église catholique, la chrismation pour l'Église orthodoxe, qui renouvelle l'engagement du baptême ;
- Le sacrement de réconciliation (appelé aussi sacrement de pénitence), le chrétien reconnaît ses péchés et en demande le pardon, qui lui est donné par le prêtre ;
- L’onction des malades (aussi appelée sacrement des malades, anciennement extrême-onction), sacrement des malades et des mourants administré pour les aider à supporter leurs souffrances ;
- Le mariage, qui unit un chrétien et une chrétienne comme époux et épouse ;
- L’ordination, qui donne aux prêtres le pouvoir d'exercer leur fonction sacrée, c'est-à-dire de produire, par l'Église, les sacrements.
Comme d’autres mouvements dissidents ou contestataires contemporains, « l’hérésie des bons hommes » condamnée par la Papauté, devient la cible des clercs catholiques, d’abord les cisterciens (le futur Bernard de Clairvaux vient les combattre dans le Toulousain dès 1145), Le mouvement Vaudois créé par un riche marchand de Lyon qui a tout vendu pour fonder une communauté de pauvres. Ce mouvement est chassé et repoussé dans les Alpes où il va perdurer durant de siècles. Au 13ème siècle, des ordres mendiants (Dominicains et Franciscains) sont créés notamment sous l’impulsion de Saint François d’Assise. Tous ces mouvements rejettent les Ors de l’Eglise et le retour au christianisme primitif. Pour autant, ces mouvements veulent faire changer l’Eglise de l’intérieur. Ils acceptent donc l’autorité papale contrairement aux Cathares. Le mouvement Cathare veut remplacer l’Eglise catholique romaine s’attirant les foudres du Pape.
Au 12ème siècle, le Catharisme s’implante aisément dans le sud de la France profitant des excès et des débauches de l’Eglise dans les campagnes.
Les prédicateurs battent la campagne et sont bien accueillis. Ils se nomment Parfaits car ils doivent respecter un régime stricte : vivre de leur travail même les nobles, faire preuve de charité et de modestie, ne pas manger de viande, ni lait fromage et œufs et ne doivent en aucun cas faire preuve de violence. Les convertis ont un régime moins dur, la viande est autorisée comme la légitime violence.
Le Catharisme s’étend dans toute la région du Languedoc et même au-delà.
Tuez les tous, Dieu reconnaitra les siens !
Le 3ème concile de Latran en 1179 condamne l'Hérésie Cathare. Au début du 13ème siècle, ne parvenant pas à les convaincre d’abandonner leurs croyances par le seul usage de la prédication, le Pape pousse Philippe Auguste à intervenir mais ce dernier n’est pas convaincu. Le roi d’Angleterre se rapproche des Comtes de Toulouse convertis.
En 1207, le Pape Innocent III informe les évêques de la région qu’il demande à tous les Croisés de chasser les Cathares en qu’en échange, ils pourront s’accaparer leurs terres.
En 1208, le Légat du Pape est assassiné. Raymond VI est excommunié par le Pape.
Le Pape est entendu, dans le nord de la France et dans les grandes villes, des foules disparates se forment en vue d’un enrichissement facile et béni par l’Eglise. 300 000 barons et chevaliers, accompagnés de valets et d’hommes de main se réunissent. Simon de Montfort prend la tête de la croisade. En 1209, la ville de Béziers est assiégée. Les croisés demandent au Légat du Pape « comment reconnaitre un Cathare d’un non-Cathare ?» Il leur répond « Tuez les Tous, Dieu reconnaitre les siens ! ». La ville tombe et tous les habitants sont massacrés.
La cité de Carcassonne tombe à son tour puis en juin 1215, Toulouse est encerclée. Quelques jours auparavant, le Comte de Touloise, Raymond VI s’est réfugié en Angleterre auprès de Jean sans terre. La cité toulousaine résiste et parvient à repousser les Croisés. Simon de Montfort est tué dans la bataille.
Son fils Amaury reprend le flambeau mais il est vaincu par le fils Raymond VII nouveau comte de Toulouse et fils de Raymond VI. La résistance Albigeoise est forte et des terres sont reconquises.
A partir de 1226, Louis VIII qui a succédé à Philippe-Auguste sur le trône de France s’engage dans la croisade. Une nouvelle croisade s’organise et la ville d’Avignon est rasée. Les villes de Nîmes, Castres, Carcassonne et Albi sont soumises au roi de France. Raymond VII s’enferme à Toulouse. L’armée royale est frappée par les maladies hivernales. Louis VIII meurt en novembre 1226 de dysenterie. Son fils Louis IX lui succède.
La cité de Toulouse tombe en 1228. En 1229, le traité de Meaux impose que les possessions des Croisés sur les Cathares reviennent à la France comme le Comté de Toulouse après la mort de Raymond VII.
En 1233, le Pape Grégoire IX adopte une autre stratégie et met en place une nouvelle institution judiciaire confiée aux Dominicains : l’Inquisition. Il s'ensuit de nombreux massacres. Les enquêtes menées tout au long du 13ème siècle et au début du 14ème siècle par les inquisiteurs vont sérieusement réduire le nombre de cathares dans le Midi. Le 16 mars 1244, après un siège d'un an, le château de Montségur monté sur un piton rocher de 1200 mètres d’altitude, dans lequel s'étaient réfugiés les 210 derniers cathares, est pris par les soldats après la trahison d’un paysan qui leur a montré un passage secret.
Les parfaits, hommes, femmes et enfants sont conduits au bucher dressé au pied du rocher.
Cet assaut marque la fin du catharisme qui aura dominé tout le sud français durant plus de deux siècles.