Les Croisades, les Plantagenets et les Cathares
Les croisades sont des expéditions militaires et religieuses ayant pour but de délivrer les lieux saints de l’emprise des musulmans infidèles. Les guerriers portent sur leurs habits une croix rouge d’où le surnom de croisés.
8 croisades vont se succéder de 1096 à 1270. De nouveaux ordres militaires et religieux voient le jour, les Templiers, les Teutons et les Hospitaliers. Elles vont affaiblir la féodalité mais favoriseront le commerce et la découverte de nouvelles techniques et matières premières. L’agriculture connait un essor sans précédent. En définitive, Jérusalem restera aux mains les Musulmans jusqu’au 20ème siècle.
Au 12ème siècle, une autre croisade intérieure cette fois va ensanglanter tous le sud de la France, c’est l’extermination des Cathares.
La 1ère croisade entre massacres et reconquête
Depuis le 7ème siècle, les troupes musulmanes se sont emparées de Jérusalem mais les pèlerins chrétiens peuvent parvenir aux lieux saints en toute tranquillité.
A partir de 1055, la tribu turque des Seldjoukides s’empare de Bagdad puis bat l’armée chrétienne Byzantin de l’empereur Diogène en Arménie. Ce dernier est fait prisonnier. Il est libéré mais on lui crève les yeux avant. Byzance affaiblie, les Seldjoukides prennent en 1078 la cité de Jérusalem puis Antioche.
Les Seldjoukides refusent l’accès des lieux saints aux Chrétiens.
En novembre 1095, le Pape Urbain II ameute les monarchies européennes lors d’un concile de Clermont. Il promet la rémission de tous les péchés aux Croisés. Ces croisades permettent aussi d’expatrier la violence des chevaliers hors de France et dans un pays connaissant un fort développement de sa démographie. Entre l’an 1000 et 1200, la France double sa population de 5 à 10 millions d’individus.
A Amiens, un ancien soldat devenu moine prêcheur du nom de Pierre l’Hermite raconte qu’il a vu Jésus Christ lors d’un voyage à Jérusalem. Il harangue la foule dans les campagnes. Il enflamme les imaginations et grève autour de lui des hommes, femmes, enfants, malades, infirmes émerveillés d’aventures et de voir le seigneur. Le 12 avril 1096, plus de 100 000 individus stationnent à Cologne en partance pour la ville sainte. Le convoi en marche s’abandonne à des vols et à des pillages pour pouvoir se nourrir. Les juifs sont particulièrement ciblés, nombre d’entre eux sont massacrés sur la route de cette folle expédition. Ils arrivent à Constantinople, Alexis, l’empereur Byzantin ne sait que faire de cette foule si nombreuse. Certains d’entre eux las d’attendre partent et prennent aux musulmans un château mais ils sont à leur tour assiégés par des Turcs. Pierre l’Hermite rejoint Constantinople pour demander des renforts mais pendant ce temps, des Croisés menés par Gautier sans avoir partent en direction de Nicée. Les Turcs les massacrent tous.
A l’automne 1096, la deuxième vague de l’expédition menée par des barons notamment Godefroy de Bouillon arrive en Terre Sainte. Ils mènent la guerre contre les Sarrazins. Des atrocités sont commises. La famine gagne les Croisés qui sont obligés de manger des prisonniers Turcs. D’autres musulmans sont décapités et on porte leurs têtes sur des pics en première ligne des affrontements comme le faisaient quelques siècles plus tôt les Vikings.
Le 14 juillet 1099, après un mois de siège, Jérusalem est prise par les Croisés, les soldats égyptiens protecteurs de la cité sont vaincus et fuient la ville. La cité est envahie par les Chrétiens qui se comportent en véritables sauvages. Ils massacrent la population. Les Juifs sont brulés vifs dans la synagogue, les musulmans sont éventrés car ils auraient avalés des pièces d’or pour ne pas els donner aux envahisseurs. Le 22 juillet 1099, Godefroy de Bouillon refuse la couronne mais est considéré comme le premier roi Chrétien de Jérusalem.
Louis VI, le roi de France obèse
En France Louis VI le Gros a remplacé son père Philippe 1er.
Le nouveau roi de France encourage les mouvements communaux et donne en 1110 la liberté à chaque commune de s’administrer sous la conduite d’un maire. Il lutte inlassablement contre le brigandage et le saccage des campagnes de certains seigneurs.
En 1106, Le Duc de Normandie soutien du roi de France, Robert de Courtecuisse est défait par le nouveau roi d’Angleterre, son frère Henri 1er Beauclerc. Robert est capturé et mourra en prison.
Louis VI veut récupérer le Duché de Normandie et le 20 août 1119, une bataille l’oppose au roi d’Angleterre à Brémule en territoire Normand. Le roi de France est défait sévèrement et est contraint de fuir.
En août 1124, l’empereur Germanique Henri V, beau père du roi d’Angleterre, envahit la France jusqu’à Reims. Le royaume de France est menacé d’effondrement. Louis VI en appelle aux grands seigneurs du royaume. Une coalition contre l’envahisseur se forme et fait fuir l’empereur germanique.
En mai 1137, une paix est conclue avec le nouveau roi d’Angleterre, Etienne de Blois adoubé aussi en Normandie même si le Duché est en proie à une certaine anarchie où les barons gouvernent sans véritable suzeraineté.
Le 1er août 1137, obèse, Louis VI le Gros meurt de dysenterie. Il est inhumé à la Basilique de Saint Denis. Son fils Louis VII, âgé de 17 ans lui succède.
Louis VII, l’époux d’Aliénor d’Aquitaine
Il n’est pas pressenti pour régner mais la mort subite de son frère ainé Philippe suite à une chute de cheval l’amène à quitter sa voie ecclésiastique pour le trône de France.
Quelques jours avant de devenir roi, le 25 juillet 1137, Louis VII âgé de 17 ans, épouse la fille du Duc d’Aquitaine, Aliénor âgée de 15 ans. Sa dot est impressionnante, avec la Guyenne, la Gascogne, le Poitou, le Saintonge, l’Angoumois et le Limousin, le royaume de France acquiert tout l’ouest de la France. Le caractère de Louis VII est plutôt triste et introverti ce qui déplait fortement à Aliénor.
Louis VII est plutôt protecteur des juifs puisqu’il met en place une nouvelle fonction, prévôts des juifs chargés de chasser les débiteurs malhonnêtes. L’usure est interdite par l’Eglise.
En conflit avec la papauté sur la nomination de l’évêque de Langres, il accepte en 1145 de participer à la deuxième croisade.
La deuxième croisade est un échec
Le 24 décembre 1144, le Comté d’Edesse est repris par les musulmans. Jérusalem est menacée. Le Pape Eugène III appelle à la croisade. L’appel est repris par Bernard de Clairvaux, moine Cistercien et grand prédicateur. Bernard de Clairvaux serait aujourd’hui classé d’ultra conservateur. Il prône la pauvreté, le travail manuel, la fuite du monde et le rejet de la culture et de tout divertissement.
Les prêches du moine convainquent les Barons et le roi de France de s’engager dans une deuxième croisade. Les femmes de ces hommes les accompagnent avec la bénédiction des évêques. L’empereur germanique Conrad III fait partie des Croisés.
Louis VII et Aliénor arrivent à Antioche en 1148. Elle retrouve son oncle Raymond de Poitiers avec qui elle passe de nombreux moments. Certains évoquent une liaison amoureuse. Louis VII se sent humilié.
L’armée franque assiège Damas en 1148 mais elle échoue à prendre la ville. La croisade est un échec. Aliénor et Louis VII reviennent en France plutôt aigris.
Aliénor quitte le roi de France et devient reine d’Angleterre
Les deux époux royaux sont de plus en plus distants. Ils divorcent le 21 mars 1152.
Aliénor d'Aquitaine reprend sa dote (duché d'Aquitaine, Poitou, auvergne).
Dans le même temps, en Angleterre, Henri 1er veut imposer sa fille Mathilde pour lui succéder après la mort de son fils. Elle épouse un français, Geoffroy comte d’Anjou surnommé Plantagenet en raison de l’ornement de son casque lors des tournois.
Lorsqu’Henri 1er d’Angleterre meurt en 1135, Mathilde est prête à régner bien que la noblesse anglaise ne soit pas convaincue. Le Comte de Boulogne et de Blois, Etienne, petit fils de Guillaume le Conquérant a prêté serment d’accepter Mathilde comme reine quelques années plus tôt. Pourtant, juste après la mort d’Henri 1er, il se précipite à Londres. Les nobles anglais et l’archevêque de Canterbury acceptent qu’il devienne roi d’Angleterre usurpant ainsi la reine Mathilde du trône.
Une guerre civile se déclenche. Le roi Etienne est contraint d’accepter comme successeur le fils de Mathilde et de Geoffroy, Henri Plantagenet duc de Normandie et comte d’Anjou.
Aliénor d’Aquitaine s'éprend d'Henri II Plantagenêt duc d'Anjou et de Normandie. En 1152, Henri de Plantagenet épouse Aliénor d’Aquitaine divorcée du roi de France Louis VII. Etienne meurt en 1154, le règne d’Henri II d’Angleterre débute sur un royaume comprenant la moitié de la France (La Normandie, l’Anjou et l’Aquitaine). Henri II et Aliénor deviennent en 1154, souverains d'Angleterre et d'une partie importante de la France.
Aliénor donne 8 enfants à Henri II dont deux fils très connus, Richard cœur de Lion et Jean sans terre.
Un jour, Henri II trompe sa femme pour une certaine Rosemonde qui meurt empoisonnée quelques jours plus tard. Aliénor se retire à Poitiers, la vengeance sera impitoyable.
Des guerres familiales opposent Henri II à ses fils et à sa femme Aliénor. En 1173, Henri II veut offrir à son fils Jean les châteaux de Chinon, Loudun et Mirebeau. Ses frères furieux se lient avec leur mère pour destituer leur père. Aliénor est emprisonnée par Henri II durant 15 ans notamment à Chinon. La révolte est un échec.
Louis VII roi de France meurt le 18 septembre 1180, son fils, Philippe Auguste lui succède.
Le nouveau roi Philippe Auguste chasse les juifs de France en 1182
En 1182, le nouveau roi de France supprime purement et simplement les créances des Juifs envers les chrétiens, édit d'expulsion des Juifs (24 juin).
Pour la première fois dans l'Histoire de France, un royaume chrétien chasse la totalité de ses Juifs par un décret officiel. Philippe Auguste ordonne de violentes répressions contre les Juifs, tenus responsables des calamités publiques. Les synagogues sont transformées en églises et les immeubles des Juifs sont vendus par l'autorité royale.
En 1198, se rendant compte que les juifs ont un intérêt majeur pour l’économie, Philippe auguste change d’avis et leur demande de revenir mais ils sont soumis à des impositions sévères. Le pape Innocent III incite en vain le roi à revenir sur sa décision et de chasser définitivement les juifs du royaume.
La 3ème croisade s’engage opposant Richard Cœur de Lion, Frédéric Barberousse et Philippe Auguste contre Saladin.
En mai 1174, le Kurde Saladin se proclame Sultan d’Egypte. Il décide d’unifier les tribus syriennes pour chasser les Croisés de la Terre Sainte.
En 1180, il cherche à isoler les Croisés en s’alliant aux derniers Seldjoukides et même les Byzantins qui sont menacés par les Normands d’Italie, les Serbes et les Bulgares soutenus par la papauté.
Dans le même temps, le royaume latin de Jérusalem est gouverné par le roi Baudouin IV malade de la lèpre. Le conflit est lattent mais les trêves successives marquent un contexte de paix. A la mort de Baudouin en 1187, sa sœur Sybille se marie à Guy de Lusignan qui est couronné roi. Un seigneur croisé Renaud de Chatillon engage une guérilla contre les caravanes musulmanes. Il tue la sœur de Saladin. Ce dernier furieux proclame la guerre et tue Renaud de Chatillon et 200 Templiers à la bataille de Hattin en 1187.
Saladin reprend Jérusalem le 2 octobre 1187. Une grande partie de la population retourne en Europe. Certains sont réduits en esclaves.
Le Pape Grégoire VIII appelle à la 3ème croisade et trouve écho auprès des grands souverains d’Europe, Le roi de France Philippe Auguste, le roi d’Angleterre Richard cœur de Lion, l’empereur germanique Frédéric 1er Barberousse.
En 1189, Frédéric 1er gagne la bataille de Konya mais périt mystérieusement en Asie mineure, noyé dans le fleuve Selef. Son fils Frédéric VI tente de poursuivre avec une nouvelle armée, le combat mais succombe avec beaucoup de ses soldats de la malaria.
En 1189, Henri II meurt à Chinon et son fils ainé Richard 1er dit Cœur de Lion lui succède.
En 1191, Richard et Philippe Auguste reprennent le port d’Acre mais leurs mésententes poussent le roi de France à repartir dans son royaume. Richard entreprend de conquérir seul Jérusalem mais échoue. Saladin lui confère toutefois les bords côtiers de la Palestine et de la Syrie. L’accès des Chrétiens aux Lieux Saints est rétablit.
Informé d’un complot de son frère Jean contre lui, Richard est contraint de revenir en Angleterre. Après avoir échoué dans sa tentative de prendre la ville sainte et négocié une trêve avec Saladin, il quitte la Palestine après le massacre de nombreux musulmans. Sur le chemin du retour en 1192, il est tout d’abord capturé par Léopold V duc d’Autriche suite à un différend pendant la guerre sainte. Il est ensuite emprisonné par Henri VI, empereur germanique. Aliénor doit payer une forte rançon. L’Angleterre est ruinée et le roi intérimaire Jean se conduit comme un despote. Le peuple anglais se révolte (légende de Robien des bois). De retour en Angleterre, Richard veut reconquérir des anciennes possessions anglaises en France reconquise par le roi de France Philippe Auguste.
En 1199 pendant le siège du château de Chalus Chabrol, Richard 1er meurt atteint de la gangrène suite à une blessure de flèche. Il est enterré avec ses parents à l'abbaye de Fontevraud.
La 4ème croisade et le pillage de Constantinople
En 1201 part la 4ème croisade composée de guerriers Croisés en direction du centre du pouvoir musulman de l’époque, l’Egypte. Les Croisés ont peu d’argent et négocient avec la cité de Venise plusieurs bateaux. En échange, elle leur demande de saccager la puissante Constantinople en concurrence avec les jeunes cités italiennes. En 1204, sur lit de successions difficiles, les Croisés prennent le pouvoir, pillent la ville et installent sur le trône le comte Baudouin de Flandre.
La 4ème croisade a complètement échappé à la papauté qui en avait pourtant l’initiative. Cependant, l’empire Byzantin en sort affaibli, la Terre Sainte reste sous domination musulmane.
La reconquête de la France par Philippe Auguste
En France, la guerre fait rage entre les souverains anglais et le roi de France, Philippe Auguste qui veut reconquérir toute la France.
Jean sans terre a succédé à son frère Richard Cœur de Lion. L’ouest de la France est encore sous sa domination. Sous prétexte d’une querelle entre Jean sans terre et Hugues de Lusignan, le roi de France annexe le Duché de Normandie en avril 1202. En septembre 1203, Philippe Auguste veut mater la résistance et assiège la forteresse de Château-Gaillard. Le siège dure plus d’un an et le 6 mars 1204, elle tombe.
Aliénor d’Aquitaine meurt à Poitiers le 1er avril 1204, son gisant demeure à la l’abbaye de Fontevraud.
Le roi anglais a perdu la Normandie et veut prendre sa revanche. Il s’allie avec son neveu l’empereur germanique Othon IV et les comtes de Flandre et de Boulogne. En février 1214, l’armée anglaise débarque à la Rochelle et remonte vers Angers. Dans le même temps, les coalisés du nord préparent la guerre. L’avenir de la France est en jeu.
Philippe Auguste prépare ses forces, il fait appel à toute l’ost, chevaliers et seigneurs qui lui restent encore fidèles. Fin stratège, Philippe Auguste sépare son armée en deux. Son fils, Louis affronte Jean sans terre à la Roche aux moines. L’armée anglaise est en déroute. Jean sans terre fuit vers l’Angleterre.
Le dimanche 27 juillet 1214, Philippe Auguste avec une armée de seigneurs et de milices rurales et urbaines fait face à Bouvines aux coalisés du nord et l’empereur germanique Othon IV.
Lors de la bataille, Philippe Auguste est désarçonné et échappe de peu à la mort. Pourtant après 5 heures de combat, La coalition est battue, les Comtes de Flandre et de Boulogne sont faits prisonniers et Othon IV fuit. Ce dernier perd sa couronne au profit de Frédéric II.
Le roi de France est acclamé par le peuple de Paris. Ses victoires installent l’autorité des Capétiens.
Le règne de Philippe Auguste est marqué par une politique de grands travaux à Paris, le château du Louvres est renforcé, l’université de Paris est créée, des murs d’enceinte sont construites.
Le 14 juillet 1223, Philippe Auguste meurt. Il est inhumé à la basilique de Saint Denis. Son fils, Louis VIII lui succède.
Une 5ème croisade s’engage en 1217 en Egypte mais elle aboutit à un échec en 1221. Peu de chevaliers Français y ont participé trop occupés à chasser les Cathares.
Pendant que les Anglais sont chassés de France, une croisade un peu particulière a lieu dans le sud de la France. Avec le soutien actif de l’Eglise, Philippe Auguste engage la croisade contre les Albigeois pour mettre fin au Catharisme.
La montée du Catharisme dans le sud de la France
Le catharisme apparait en 1021 dans le comté de Toulouse puis se développe dans la Chrétienté occidentale au XIIème siècle. Cette dissidence chrétienne médiévale réclame, comme d’autres mouvements de son temps, le retour au modèle d’Eglise primitive des premiers temps du Christianisme. Elle condamne l’Eglise romaine et sa hiérarchie au prétexte qu’elle ne respecterait pas l’idéal de vie et de pauvreté du Christ.
Sous des noms différents, des communautés de cathares sont attestées à travers toute l’Europe, mais c’est dans le Midi de la France et dans les cités du nord et du centre de l’Italie que le catharisme connaît l’accueil le plus favorable et le plus durable. Aux yeux de l’Eglise romaine, les cathares représentent un danger bien pire que les infidèles (juifs et musulmans), car, tout en étant chrétiens, ils interprètent différemment les Ecritures et refusent la doctrine des sept sacrements. Leur croyance est basée sur l’existence de deux mondes, l’un bon et l’autre mauvais. Le premier, le monde invisible dont les créatures sont éternelles, résulte de la création de Dieu le Père ; le second, le monde visible et corruptible, est l’œuvre du Diable. Introduits dans des corps de chair fabriqués par le Diable, des anges déchus sont devenus les âmes des hommes et des femmes.
Pour les cathares, le christ est uniquement l’envoyé du Père venu porter le message du salut aux hommes. Il n’est pas comme chez les catholiques le rédempteur de tous les péchés. Du coup, les cathares ne conservent qu’un seul sacrement, celui du consolamentum (consolation) ou baptême d’imposition des mains pratiqué par le Christ, le seul à apporter le Salut.
L’Eglise catholique et orthodoxe consacre 7 sacrements:
- Le baptême, qui marque l'entrée d'une personne dans la communauté des chrétiens ;
- L’eucharistie, partage du pain et du vin consacrés par le prêtre et devenus le corps et le sang du Christ ;
- La confirmation pour l'Église catholique, la chrismation pour l'Église orthodoxe, qui renouvelle l'engagement du baptême ;
- Le sacrement de réconciliation (appelé aussi sacrement de pénitence), le chrétien reconnaît ses péchés et en demande le pardon, qui lui est donné par le prêtre ;
- L’onction des malades (aussi appelée sacrement des malades, anciennement extrême-onction), sacrement des malades et des mourants administré pour les aider à supporter leurs souffrances ;
- Le mariage, qui unit un chrétien et une chrétienne comme époux et épouse ;
- L’ordination, qui donne aux prêtres le pouvoir d'exercer leur fonction sacrée, c'est-à-dire de produire, par l'Église, les sacrements.
Comme d’autres mouvements dissidents ou contestataires contemporains, « l’hérésie des bons hommes » condamnée par la Papauté, devient la cible des clercs catholiques, d’abord les cisterciens (le futur Bernard de Clairvaux vient les combattre dans le Toulousain dès 1145), Le mouvement Vaudois créé par un riche marchand de Lyon qui a tout vendu pour fonder une communauté de pauvres. Ce mouvement est chassé et repoussé dans les Alpes où il va perdurer durant de siècles. Au 13ème siècle, des ordres mendiants (Dominicains et Franciscains) sont créés notamment sous l’impulsion de Saint François d’Assise. Tous ces mouvements rejettent les Ors de l’Eglise et le retour au christianisme primitif. Pour autant, ces mouvements veulent faire changer l’Eglise de l’intérieur. Ils acceptent donc l’autorité papale contrairement aux Cathares. Le mouvement Cathare veut remplacer l’Eglise catholique romaine s’attirant les foudres du Pape.
Au 12ème siècle, le Catharisme s’implante aisément dans le sud de la France profitant des excès et des débauches de l’Eglise dans les campagnes.
Les prédicateurs battent la campagne et sont bien accueillis. Ils se nomment Parfaits car ils doivent respecter un régime stricte : vivre de leur travail même les nobles, faire preuve de charité et de modestie, ne pas manger de viande, ni lait fromage et œufs et ne doivent en aucun cas faire preuve de violence. Les convertis ont un régime moins dur, la viande est autorisée comme la légitime violence.
Le Catharisme s’étend dans toute la région du Languedoc et même au-delà.
Tuez les tous, Dieu reconnaitra les siens !
Le 3ème concile de Latran en 1179 condamne l'Hérésie Cathare. Au début du 13ème siècle, ne parvenant pas à les convaincre d’abandonner leurs croyances par le seul usage de la prédication, le Pape pousse Philippe Auguste à intervenir mais ce dernier n’est pas convaincu. Le roi d’Angleterre se rapproche des Comtes de Toulouse convertis.
En 1207, le Pape Innocent III informe les évêques de la région qu’il demande à tous les Croisés de chasser les Cathares en qu’en échange ils pourront s’accaparer leurs terres.
En 1208, le Légat du Pape est assassiné. Raymond VI est excommunié par le Pape.
Le Pape est entendu, dans le nord de la France et dans les grandes villes, des foules disparates se forment en vue d’un enrichissement facile et béni par l’Eglise. 300 000 barons et chevaliers, accompagnés de valets et d’hommes de main se réunissent. Simon de Montfort prend la tête de la croisade. En 1209, la ville de Béziers est assiégée. Les croisés demandent au Légat du Pape « comment reconnaitre un Cathare d’un non-Cathare ?» Il leur répond « Tuez les Tous, Dieu reconnaitre les siens ! ». La ville tombe et tous les habitants sont massacrés.
La cité de Carcassonne tombe à son tour puis en juin 1215, Toulouse est encerclée. Quelques jours auparavant, le Comte de Touloise, Raymond VI s’est réfugié en Angleterre auprès de Jean sans terre. La cité toulousaine résiste et parvient à repousser les Croisés. Simon de Montfort est tué dans la bataille.
Son fils Amaury reprend le flambeau mais il est vaincu par le fils Raymond VII nouveau comte de Toulouse et fils de Raymond VI. La résistance Albigeoise est forte et des terres sont reconquises.
A partir de 1226, Louis VIII qui a succédé à Philippe-Auguste sur le trône de France s’engage dans la croisade. Une nouvelle croisade s’organise et la ville d’Avignon est rasée. Les villes de Nîmes, Castres, Carcassonne et Albi sont soumises au roi de France. Raymond VII s’enferme à Toulouse. L’armée royale est frappée par les maladies hivernales. Louis VIII meurt en novembre 1226 de dysenterie. Son fils Louis IX lui succède.
La cité de Toulouse tombe en 1228. En 1229, le traité de Meaux impose que les possessions des Croisés sur les Cathares reviennent à la France comme le Comté de Toulouse après la mort de Raymond VII.
En 1233, le Pape Grégoire IX adopte une autre stratégie et met en place une nouvelle institution judiciaire confiée aux Dominicains : l’Inquisition. Il s'ensuit de nombreux massacres. Les enquêtes menées tout au long du 13ème siècle et au début du 14ème siècle par les inquisiteurs vont sérieusement réduire le nombre de cathares dans le Midi. Le 16 mars 1244, après un siège d'un an, le château de Montségur monté sur un piton rocher de 1200 mètres d’altitude, dans lequel s'étaient réfugiés les 210 derniers cathares, est pris par les soldats après la trahison d’un paysan qui leur a montré un passage secret.
Les parfaits, hommes, femmes et enfants sont conduits au bucher dressé au pied du rocher.
Cet assaut marque la fin du catharisme qui aura dominé tout le sud français durant plus de deux siècles.
Louis IX dit Saint Louis après sa mort
Louis VIII dit le Lion est mort, Louis IX le futur Saint Louis lui succède le 8 novembre 1226.
Louis IX a 12 ans. Sa mère Blanche de Castille fille d’Aliénor et d’Henri Plantagenet devient régente du royaume.
A partir de 1227, les Barons du royaume n’acceptent guère les ordres d’un enfant et d’une femme étrangère. Ils s’allient au roi d’Angleterre Henri III Plantagenet, fils de Jean sans terre mort le 19 octobre 1216. La régente use de ses charmes et séduit le puissant baron Thibault de Champagne qui se rallie à elle et casse la rébellion.
La 6ème croisade débute en 1228 est menée par l’empereur germanique Frédéric II. Peu de français y participent et pourtant, cette croisade parvient à reconquérir la terre Sainte et Jérusalem. Quelques années plus tard, vers 1244, des conflits entre Barons vont affaiblir la puissance des croisés et les Mamelouks parviendront à reprendre la ville Sainte.
L’éducation du jeune roi est très axée sur la prière et la piété. Le 27 mai 1234, Louis IX devenu adulte épouse Marguerite de Provence. Cela ne l’empêche pas de s’adonner à des pratiques religieuses très conservatrices. Comme certains membres de l’Opus Dei, chaque vendredi en mémoire de la mort du Chris, il se flagelle le corps. Il porte très régulièrement aussi un cilice, une sorte de chemise de crin très rude irritant la peau.
De 1240 à 1245, il fait construire à Paris la Sainte Chapelle pour abriter les reliques de la passion du Christ : un morceau de la croix du Christ et la couronne d’épines) achetés aux Vénitiens et aux Byzantins.
Pour Louis IX, les Cathares sont abominables. Ils contestent l’autorité de l’Eglise. Il faut en finir. Il ordonne de supprimer tout contestataire de l’Eglise. Dans la lignée de son grand-père, Philippe Auguste, Louis IX s’en prend aux juifs. En juin 1242, des centaines d’exemplaire du Talmud sont brulés sur la place de Grève devant l’hôtel de ville de Paris. Il leur interdit la pratique de l’usure. En 1253, il ordonne des expulsions de juifs après s’être approprié leurs biens. En 1259, bien avant le régime nazi en Allemagne, Louis IX ordonne que soit cousue sur les vêtements de juifs une étoffe jaune dite la rouelle.
Comme Salomon, Louis IX rend la justice. Il se place sous un chêne et laisse venir à lui les pauvres gens. Il fait diffuser des grandes ordonnances dans tout le royaume imposer une justice équitable que l’on soit pauvre ou riche. En 1257, le roi de France fait ouvrir l’université de la Sorbonne où tous pauvres ou riches peut théoriquement y accéder.
A partir de 1248, Louis IX se lance dans la 7ème croisade.
Le 25 août 1248, 3000 chevaliers et 15 000 hommes en armes embarquent d’Aigues mortes vers la Terre sainte. Louis IX laisse la gouvernance du royaume à sa mère Blanche de Castille durant 6 ans. Le 6 juin 1249, les croisés sont en Egypte et prennent la ville de Damiette. En 1250, la seconde bataille de Mansourah s’achève avec la victoire des musulmans. Les croisés rescapés dont Louis IX sont faits prisonniers. Ils sont libérés en échange de la ville de Damiette.
Louis IX part pour Jérusalem où il fait fortifier la cité. Il apprend le 21 novembre 1252, la mort de sa mère. En octobre 1254, il revient en France. Son comportement est alors rempli de tristesse et d’angoisse.
A l’est de l’Europe assez loin de la France, un peuple nomade a conquis toute l’Asie et convoite les richesses du monde occidental, les Mongols de Gengis Kan et de ses successeurs sont une menace pour la civilisation européenne.
Le 28 mai 1258, Louis IX met un terme aux conflits avec l’Angleterre en signant un traité de paix avec Henri III qui a renoncé à ses droits sur la Normandie, l’Anjou, la Touraine et le Poitou. L’Aquitaine est redonnée à la France et le roi d’Angleterre devient le vassal du roi de France.
En mars 1267, Louis IX obsédé par la situation de la Terre sainte engage la 8ème et dernière croisade. Le roi de France part pour Tunis afin de convertir le Sultan pour chasser les Mamelouks d’Egypte. Le 17 juillet 1270, Carthage est prise par les Croisés mais le Typhus ravage leur armée. Le fils du roi en meurt et le 25 août 1270, Louis IX s’éteint. Il sera canonisé le 4 août 1297 par le pape Boniface VIII.
Philippe III dit le Hardi succède à son père Louis IX.
Il gouverne collégialement avec l’aide de grands conseillers comme Pierre de la Brosse qu’il fera pendre en 1278 pour une fausse calomnie. Il est nommé le Hardi en raison de sa fougue parfois irréfléchie. Le 23 mai 1274, il rend une partie de l’Aquitaine afin de renforcer la pacification entre les deux royaumes.
En 1282 intervient une révolte en Sicile nommée les Vêpres siciliennes.
Depuis plusieurs années, la Sicile est dominé par Charles d’Anjou, oncle de Philippe de Hardi. Les soldats français commettent des exactions provoquant la fureur des Siciliens.
Le 30 mars 1282, les cloches de l’office des Vêpres retentissent. Tous les Français sont pourchassés puis massacrés durant un mois. Pierre d’Aragon est soupçonné d’être l’instigateur du massacre. Philippe le Hardi décide d’aider Charles d’Anjou pour venger l’affront. Une croisade est lancée en direction de la Catalogne où règne Pierre d’Aragon. Cependant le typhus gagne l’armée française en 1285 et Philippe le Hardi en meurt le 5 octobre.
Durant toutes ces dernières années, les rosi de France ont réussi à s’imposer face à une féodalité toujours aussi puissante. La France reste toujours menacée par les convoitises des monarques anglais.